Retour sur l’échange Sud-Sud | Jardin Wanga Nègès – IEPENH | Haïti
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Le 21 septembre dernier, Jardins Wanga Nègès (JWN) a eu le plaisir de recevoir la visite de Dulia Philostin et de Joël Saintiphat, conseillers pédagogiques de l’Initiative des Educaturs pour la Promotion de l’Éducation Nouvelle en Haïti (IEPENH). Cette initiative est basée aux Verrettes, dans la vallée de l’Artibonite, pas si loin des installations de JWN, sise dans la commune de Boucan Carré, dans le bas plateau Central d’Haïti. Seulement voilà, depuis le 31 mars dernier et la prise des villes de Liancourt, Saut d’Eau et Mirebalais par la coalition de gang Viv Ansanm, les routes qui les relient sont aux mains des bandits.
Mais la volonté de continuer à travailler et de résister au régime de terreur installé par les bandes armées a été plus forte. Au terme d’un voyage de plusieurs jours qui les a fait passer par la ville des Gonaïves, Saint Michel de l’Attalaye et Hinche, Dulia et Joël sont arrivés à moto à l’entrée de la commune de Boucan Carré ou les attendait Jumel, le coordinateur de JWN. Ce sont les premiers visiteurs accueillis par JWN depuis des mois, toute l’équipe avait préparé au mieux leur venue, fière de pouvoir enfin partager les activités réalisées ces dernières années.
Après de chaleureuses retrouvailles avec Sophie Paychère, volontaire d’Eirene Suisse auprès de JWN, Dulia et Joël ont été embarqué par Jumel pour une visite de la maison de JWN et des installations qui comprennent plusieurs moulins utilisés pour la transformation des productions agricoles locales. Ces derniers ont particulièrement marqué Dulia, dont le témoignage a touché droit au cœur l’équipe de JWN. « Vos œuvres, en particulièrement le moulin qui rend possible la transformation sur place des produits récoltés par les paysans, sont spéciales. Elles sont à la fois utiles et très profitables. Il y a plein de zones moins reculées du pays qui ne disposent pas d’une telle installation. »
Car travailler depuis plusieurs années avec les conditions qui prévalent en Haïti demande du courage et de l’abnégation. Et que ce soit au niveau du travail réalisé par IEPENH dans le domaine de l’éducation non violente ou de JWN dans celui de l’agriculture paysanne familiale, chacun retrouve en l’autre cette force de continuer à construire un État de droit, à lutter pour que la beauté de ce petit pays, 1ère République noire au monde, continue d’inspirer la liberté.
Dulia et Joël avaient emporté dans leurs sacs leur expérience en matière d’animation et de non-violence, qu’ils ont partagé durant une journée avec un groupe d’une quinzaine de jeunes filles âgées de 12 à 18 ans. La moitié de ces jeunes filles sont des déplacées, elles ont couru dans la nuit, sous le feu des balles des bandits, pour s’échapper de la ville de Mirebalais attaquée fin mars 2025. Les coordinateurs pédagogiques ont utilisé tout leur savoir-faire pour passer avec elles une journée consacrées à elles et à leurs émotions, à ces traumatismes qu’elles sont trop jeunes pour porter. A travers des animations et des jeux, ils ont appris à se connaître et ils ont permis à ces jeunes filles de pouvoir s’exprimer, dans un contexte où elles se sentaient écoutées et en sécurité. Cela faisait longtemps que les rires n’avaient pas autant fusé de la choukoune, la tonnelle qui accueille les réunions et les formations, construite dans les jardins de JWN.
IEPENH et JWN souhaite continuer leurs échanges. Comme le souligne Joël, le travail réalisé par les deux associations sont un exemple que la situation des haïtien·nes peut changer. Et ensemble, on sera toujours plus fort·e.